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29 juillet 2010 4 29 /07 /juillet /2010 08:00

 

 

Je t'avais quitté sur mes débuts désastreux dans le notariat. Où en étais-je ? Ah oui, après j'ai donné ma démission et intégré une toute petite étude... au début de la crise.

J'ai écoulé en trois mois plus de 80 dossiers de succession merdiques. Genre 26 héritiers, dont 3 en Hongrie injoignables et fâchés avec les autres... Du bonheur (ce n'est pas ironique, j'ai vraiment adoré). A la fin du troisième mois de période d'essai, on m'a informée que l'étude ne pouvait pas me payer, donc ne pouvait pas me garder. J'avais senti le vent venir en voyant qu'on ne signait qu'une vente par semaine à peine.

Cerise sur le gâteau, j'avais travaillé 90 jours pleins. Pour avoir droit au chômage après une démission, il faut avoir travaillé... 91 jours. DAMNED. Pendant deux mois, Monsieur Nanou a assuré le paiement de notre prêt immobilier tout seul et on a galéré grave comme disent les jeunes.

J'ai trouvé plusieurs missions d'intérim, puis un CDD dans une étude, puis un CDD dans une agence immobilière et enfin mon poste actuel en mars 2009. J'étais heureuse d'avoir enfin un CDI après 18 mois de galère...

 

 

vire.jpgDe mars à mai 2009, j'étais en période d'essai, dans cette boîte pas loin de chez moi. Sans entrer dans le détail, je fais de la gestion de patrimoine pour de grosses structures.

J'ai adoré l'ambiance de l'agence, les collègues, le café du matin, la pause l'après-midi... On bossait dur mais on riait beaucoup. Ma "sénior" Sabrina (c'est pas son vrai nom !), avait mon âge. Brillante, drôle et très pédagogue, elle ne me passait aucune erreur. J'étais ravie parce que j'aime qu'on corrige mes fautes au lieu de m'accabler. Sabrina en tant que sénior rédigeait les rapports et les remettait à nos clients dans toute la France.

J'étais étourdie par cette si bonne ambiance. Mon aveuglement m'a empêché de voir que Sabrina souffrait du manque d'organisation de l'entreprise, du côté brouillon de notre chef de pôle et surtout de ces déplacements (3 en moyenne par semaine) qui l'éloignaient de son fiancé. En tant que junior, je n'avais pas tous ces désagréments.

 

Fin 2009, Sabrina a pris la décision de partir. Mais de le faire bien et pas pour n'importe quel poste. Elle a fini par trouver...

Elle me manque encore aujourd'hui.

Mon chef de pôle, devenu président de la boîte après éviction d'un des associés, m'a immédiatement proposé son poste puisque, mise à part la remise et la présentation des rapports, je connaissais parfaitement le poste de Sabrina. Il s'attendait à une réponse positive étant donné que mon salaire allait augmenté de ce fait.

J'ai dû refuser. Monsieur Nanou étant lui-même souvent en déplacement, je ne pouvais pas assurer plusieurs découchés par semaine. J'ai proposé alors d'embaucher un expert qui intégrerait notre agence de Montpellier et s'occuperait des client du sud de la France, me laissant le nord et donc, la possibilité de rentrer chez moi le soir après mes rendez-vous.

Il a dit non. Et il n'a jamais avalé mon refus qui l'a obligé à embaucher quelqu'un d'autre, à "perdre du temps à le former", pendant que "je me tournais les pouces par manque d'ambition".

 

Je n'ai pas pensé une seule minute qu'il m'avait dans le nez. Juste qu'il était déçu et je prenais ça comme de la considération : s'il était déçu c'est que j'étais compétente. Et sans vouloir passer "sénior", j'étais heureuse d'en avoir le niveau.

Lors de mon entretien annuel, comme j'étais encore la seule junior de la société à ne pas toucher d'intéressement aux bénéfices ni de primes, je les ai demandés. Refus catégorique : "Si vous souhaitiez être augmentée, il fallait accepter ce poste." Son ton m'a mise au parfum et j'ai commencé à stresser et à craindre qu'il me harcèle. Monsieur Nanou m'a rassurée : ça n'arrive qu'une fois dans une vie ces trucs-là et puis tant pis pour les primes, on s'en passera.

J'étais bien déçue, mais je n'ai rien dit. En mars, j'ai dû annoncer que j'allais me faire opérer et que j'allais être absente deux mois. Pas de harcèlement verbal, juste : "Bon, on va être dans la merde mais bon, je suppose que vous ne pouvez pas différer ? Je compte sur vous pour vous mettre à jour avant de partir !"

Rien d'anormal. Mais iIl avait toujours ce regard bizarre sur moi et puis il y avait ces bruits de couloirs, comme quoi il avait ses "têtes" et s'il prenait quelqu'un en grippe...

Il a envoyé une experte junior de Montpellier pour que je la forme. Elle devait me remplacer. Je l'avoue, j'ai failli faire de la rétention d'infos avec elle, tant j'avais peur qu'elle me pique mon poste... Mais je l'ai formée, je lui ai donné tous les tuyaus dont elle pourrait avoir besoin.

J'ai mis à jour tous mes dossiers, rappelé un par un tous mes clients pour faire le point avec eux, leur dire que je serai absente et leur communiquer le nom de ma remplaçante. Le nouveau sénior (encore en période d'essai) était reconnaissant que je lui laisse un service nickel avant de partir.

Je ne suis pas partie le coeur léger, je savais qu'il allait se passer quelque chose pendant mon absence.

 

Puis l'opération, l'arrêt maladie. Au bout d'un mois d'arrêt, j'ai reçu un recommandé. Avertissement pour plusieurs erreurs. Il précisait qu'il avait dû reprendre un par un tous mes dossiers, que j'avais commis des erreurs dans la prise des rendez-vous. Il concluait en me recommandant, à mon retour, de faire preuve de plus de professionnalisme.

J'ai répondu à son courrier, j'avais un peu l'habitude ! Et j'ai commencé à avoir peur de reprendre le travail. Je n'avais plus aucun avenir vu le litige entre nous.

 

Vendredi dernier, j'ai reçu un appel d'une collègue : ma "remplaçante" était en train de mettre tous mes dossiers dans des cartons, direction Montpellier. Et mon chef revenait de vacances exceptionnellement pour me voir. Ca te pose l'ambiance direct ! Bon retour parmi nous Mademoiselle Nanette !

 

Lundi matin, j'ai eu la gorge nouée de voir mes étagères vides, vides de tout ce travail abattu avec Sabrina...

Le verdict est tombé (je te passe les détails de cet entretien merdique) : licenciement pour "insuffisance professionnelle". Il a tout bien fait dans les règles, je suis convoquée à un entretien et tout le tintouin. Je ne sais pas si j'ai envie de me battre, je me sens fragile. Il a eu deux mois pour me trouver toutes les fautes qu'il voulait. Je crois que je ne veux pas me battre par peur de perdre.

Depuis lundi, je n'ai strictement RIEN à faire. Mise au placard. Et c'est pesant. A part 2-3 collègues, on nous ignore, moi et mes béquilles... J'ai emmené de quoi m'occuper, je profite de ce temps pour préparer mon mariage.

 

Le plus dur je crois, ce sera d'annoncer que je vais ENCORE changer de boulot (sauf si un bébé arrive avant). Que c'est encore moi l'instable professionnelle. Et entendre les questions "alors, le boulot, t'as trouvé ?" et les gens (trop) compatissants "ma pauvre, ça doit pas être facile ! mais ça fait deux fois qu'il t'arrive un truc pareil, t'as pas d'chance !"

Je sais que ça n'est pas méchant, ça me renvoit juste mon image de perdante...

 

Je ne crois plus du tout en un quelconque épanouissement professionnel. Je veux juste un truc qui paye mon crédit, sans aucune pression.

Heureusement que je me marie dans deux mois, je me raccroche à ça, à ce beau projet qui me sort la tête de l'eau...

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commentaires

L
<br /> salut!!! je lis tes posts et je rencontre avec moi même!!! non tu n'est pas une perdante!! t'es seulement une femme q a envie des choses normales... mais aujourd'hui on est q des marchandises dans<br /> un monde marchand où il faut rentrer dans "le moule"!<br /> <br /> <br />
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N
<br /> <br /> Bien dit Lu !<br /> <br /> <br /> <br />
A
<br /> et je tiens à préciser que même en démissionnant, ils ont essayé de m'arnaquer en ne me payant pas mon solde correctement. Ils ont compris ce que ça voulait dire prudhommes, crois-moi (bien qu'ils<br /> avait déjà eu affaires à eux par le passé, ils devaient pas être assez vacciné). Ils m'ont payé ce qu'ils me devaient sans broncher. Ne te laisse pas faire, tu es, je pense bien entouré pour être<br /> soutenue en ce sens. Tu n'es pas seule et ne doutes pas de tes capacités, car toi seule tu sais ce que tu vaux.<br /> <br /> <br />
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N
<br /> <br /> Merci Audrey, ça fait du bien de lire ça... Je me sens plus forte aujourd'hui,; donc je me battrai jusqu'au bout !<br /> <br /> <br /> <br />
A
<br /> mince vraiment on peut dire ce qu'on veut mais les patrons honnêtes c'est quand même pas ce qui court les rues... Je n'ai pas vécu un licenciement à ta différence (j'ai démissionné pour beaucoup<br /> mieux, heureusement), mais j'ai connu la pseudo ambiance décontractée qui cache souvent le pire... Tant que tu es dans le moule et que tu te défonces sans rien dire, tout va bien... Jusqu'au jour<br /> où tu refuses ou tu demandes un service. Là tu es pointée du doigt et sévèrement évité... là, c'est le silence pesant. Ne baisse pas les bras, je suis sûre que tu trouveras un boulot très<br /> bientôt.<br /> Bon courage.<br /> <br /> <br />
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S
<br /> tin ! garde le moral, bizoo<br /> <br /> <br />
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M
<br /> Brrr que de frissons et de mauvaises ondes ... que de souvenirs aussi... j'ai connu un" plan" semblable, virée pour aucune raison valable mais impossible de faire quoi que ce soit et puis pas<br /> envie, comme toi, de rentrer dans des procédures qui durent des plombes. J'en suis partie en faisant une dépression j'ai trouvé que c'était suffisant. Moi non plus je ne crois plus en un taf<br /> épanouissant et je voudrais trouver un tric juste alimentaire... Courage !<br /> <br /> <br />
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