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10 septembre 2010 5 10 /09 /septembre /2010 11:30

 

 

Copie de Baptême"Je vais avoir un bébé..." ou "Nous allons avoir un bébé", sont deux phrases que je ne prononce jamais. Trop tôt, ou alors par peur qu'un malheur nous arrive n'importe quand.

Je dis "Je suis enceinte", ou alors j'explique brièvement "j'ai arrêté la pilule... le temps que ça reparte... et paf ! dès le premier mois, ça a marché".

Chaque fois, je souris, ou j'échange un regard de connivence avec mon Amour (surtout quand je dis "et paf !").

 

Petit à petit, même si le cap du premier trimestre n'est pas passé, nous informons nos parents et certains proches de la présence du Petit Pois dans nos vies.

 

L'Annonce me ramène forcément au jour où ma famille, mon père surtout, a su que j'étais enceinte. Le pire jour de ma vie et en même temps le jour où j'ai enfin pu respirer correctement.

Quand on a 17 ans, on n'attend pas de bébé. On est enceinte, avec un grand E, ou un grand H comme honteux.

Forcément, mes parents allaient me "tuer"..."Elle est enceinte", il y a  dix ans ça sonnait comme une abomination pour tout le monde.

C'est sans doute la raison pour laquelle j'ai attendu si longtemps pour le dire. Je ne l'ai, en fait, jamais dit. J'ai été découverte, dénoncée et sommée d'avouer que... j'étais à un mois du terme.

Tu te demandes comment une gamine a pu masquer un ventre énorme pendant 8 mois ? Jamais je n'ai fait de déni, j'ai toujours parlé à mon bébé et toujours su qu'il était là, mais le Haricot, sentait qu'il devait rester caché.

Mon obstétricien n'avait jamais vu ça, un bébé lové d'une drôle de façon, sur le côté, vers l'arrière. Impossible d'avoir son profil tellement il était bizarrement positionné.

Je n'ai pas eu de ventre, jusqu'à ce que je m'autorise à en avoir. Et mon bébé avait un poids normal. Le cerveau est une sacrée machine...

 

La naissance du Haricot a tout de même été un évènement heureux, une fois que la nouvelle a été digérée par tout le monde.

 

Hier, au moment d'annoncer, au téléphone, la bonne nouvelle à mon père, j'ai vécu à nouveau dans ma tête ce dimanche de février...

J'ai revu son visage décomposé en entendant ma mère au téléphone.

 

"Qu'est-ce qu'on peut faire pour elle ?" a-t-il demandé, catastrophé.

 

"On ne peut plus rien faire, elle accouche dans un mois !"

 

Ce jour-là, j'ai déçu mon père, bien que jamais nous n'avons eu le genre de relation père-fille qui te fait dire "Papa je prends la pilule, j'ai un copain".

 

Hier soir, je n'ai pas dit "je suis enceinte", j'ai dit pour la première fois depuis presque deux mois :

 

"Papa, j'attends un bébé..."

 

J'ai repris cette voix enfantine que je prends quand je lui annonce les choses importantes. Les choses qui font de moi une femme et plus la petite fille qu'il emmenait au stade tous les dimanches.

Toujours cette voix de gosse pour lui dire que j'ai rencontré quelqu'un, que je me mets en ménage, que je me marie...

 

Le silence qui a suivi était celui de l'émotion, pas de colère, pas de ressentiment cette fois. Toujours cette pudeur entre nous, installée à l'adolescence, qui nous verrouille un peu la langue quand le coeur déborde.

Un léger rire aussi, quand il m'a dit qu'il le sentait, qu'il me trouvait changée la dernière fois qu'on s'est vus.

Mais j'attendais quelque chose d'autre, pas quelque chose de mieux, quelque chose d'autre...

 

"Papa, tu es content au moins ?"

 

"Bien sûr que je suis content ! Tu avais déjà une belle famille, et voilà, un autre enfant, c'est bien ! Et je suis content pour ton Nanou, c'est important pour un homme le premier enfant. Je suis fier de vous. Je suis fier de toi."

 

 

C'est tout ce que j'attendais.

 

 

Photo : Papounet, Nanny et Nanette

mai 1986, baptême de Nanette, Loire Atlantique

 

 

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commentaires

N
<br /> Alors dès que j'ai lu le titre, j'ai su. J'ai su que j'allais verser ma larme, que j'allais être touchée... Bingo ! Enfin, tout ça pour dire que je plains les hommes de cette génération (entre<br /> autres) où l'on ne peut pas dire les choses, les sentiments, tout ça quoi ! Se laisser aller au bonheur parce que je suis intimement persuadée que ton père est non seulement fier de toi mais aussi<br /> très heureux...<br /> <br /> <br />
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N
<br /> <br /> Tes mots sont justes, c'est aussi une question de génération... On ne parlait pas de ces choses quand il était jeune.<br /> <br /> <br /> <br />
C
<br /> p'tain, mais on fait que de pleurer ici! chioute!!! c'est tres beau.<br /> <br /> <br />
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A
<br /> une histoire qui finit bien tout de même, ton papa est très pudique j'ai l'impression mais vu comme il a réagit la deuxième fois il est très fier de toi.<br /> Bon dimanche.<br /> <br /> <br />
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P
<br /> Rhôoooooooooooo c'est beau... Allez hop une larme de la Princesse Enceinte ! ;)<br /> <br /> <br />
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M
<br /> Bravo de lui avoir dit Nanette ! Et bravo à ton papounet, il a dit les bons mots...<br /> <br /> <br />
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