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28 février 2012 2 28 /02 /février /2012 09:01

imagesJ'aurai 30 ans dans deux mois, le 21 avril. A cette date, je serai au soleil et ça m'arrange bien.

 

Je ne "fête" jamais mon anniversaire. Je préfère un petit repas dans l'intimité de ma plus proche famille : mon mari et mes enfants.

Adolescente, je n'ai jamais fait de grosses fiestas à la maison (de toute façon, on m'aurait refusé toute boum ou équivalent) et enfant, pas de fête non plus. Bien sûr, il y avait un gâteau, des bougies parfois. Mais ça n'était pas un évènement à proprement parler.

 

L'année de mes 6 ans, mes parents ont décidé de divorcer. Puis ont changé d'avis. Puis ont repris la procédure après des retrouvailles ratées.

J'ai tout appris cette année là : ce que voulait dire séparation de corps, ce qu'était un homme qui trompe sa femme, le bruit des assiettes par terre. On ne m'a rien épargné.

Ça a duré longtemps cette période. Des cris, un peu, beaucoup, tout le temps. Des adultes occupés à s'engueuler, à s'insulter et deux petites filles au milieu. Une toute petite et une plus grande obligée de jouer les mamans (mais avec brio ma Nanny).

 

Et puis un 21 avril, le grand jour est arrivé.

Mon père a pris sa journée. Comme tous les matins, il a laissé sur la machine à laver notre bol de lait et l'orange du matin, pour les vitamines.

Ma mère a pris sa journée. Comme tous les matins, elle a pris son temps pour se maquiller et donner à ma soeur les derniers conseils avant le départ pour l'école.

 

Et ils sont allés divorcer. Pour de bon. Officiellement. Le jour de mon anniversaire.

 

Nous sommes rentrées de l'école. La plupart des meubles du salon avaient disparu, après un partage négocié bec et ongle.

Papa a quitté la maison ce jour-là. Je n'arrive pas à me rappeler quel âge j'avais. Il n'y a pas eu de gâteau.

Juste deux pains aux raisins achetés en vitesse avant de partir. Il a planté des bougies dessus, m'a offert un cadeau, nous a embrassé en pleurant et puis il est parti.

 

Je ne fête plus jamais mon anniversaire depuis. J'organise volontiers celui de mon fils, j'en fais même trop parfois. Mais le mien, je ne le fête pas. Nous restons à la maison, le Haricot et Monsieur Nanou préparent une petite tarte, mais tous les deux respectent (enfin respectaient parce que mon mari fait du forcing) le fait que ce jour soit un jour difficile pour moi.

 

Cette année est une grande année : notre fille aura 1 an le 7 avril. Son père aura 30 ans le 5 avril. Nous partons en vacances le 11.

Je vous épargne le raccourci imaginé par toute la famille (la palme du j'insiste lourdement revenant à mon beau-père) : faisons un grand anniversaire commun ! Celui de mon mari, de ma fille, oui, mais pas le mien, par pitié.

 

J'ai tenté de contourner les choses en objectant qu'on ne fête pas un anniversaire quinze jours avant, mais on me force la main.

 

Et on sourit en insistant gentiment...

 

C'est ma journée non ? C'est mon droit ? Est-ce que je l'ai encore ce droit ?

 

Le droit de ne pas vouloir fêter un jour qui, pour moi, reste l'un des plus noirs de ma vie.

 

P.S : J'ai finalement durci un peu le ton. J'ai failli dire "j'ai dit non PUTAIN !", mais je l'ai joué plus fine, mais plus ferme.

P.P.S : En plus, on prend l'avion 4 jours plus tard. Ca nous porterait la poisse.

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commentaires

M
Je n'ai pas ton histoire, mes parents sont toujours mariés, et je n'ai pas de souvenir malheureux lié à mon anniversaire... mais ma belle-famille était à la maison la semaine dernière (vacances<br /> obligent) et mon beau-père m'a dit une phrase que j'ai eu du mal à "digérer"... il m'a dit "Maintenant que tu es mariée avec notre fils, on t'aime comme lui, tu es notre fille, c'est comme si nous<br /> t'avions adoptée". Sur le coup, j'ai trouvé ça un peu exagéré... mais j'ai mieux compris les énormes cadeaux d'anniversaire (pas du tout tradition familiale de mon côté)..... et les grands câlins,<br /> les envies de me/nous gâter....<br /> Peut-être que ton beau-père est simplement dans cette démarche là aussi.... celle de te montrer que même si la famille dans laquelle tu as grandi n'est pas là ce jour là (ou 15 jours avant) tu as<br /> quand même une famille qui est là autour de toi et qui t'aime!<br /> Enfin, je comprends ton envie de ne pas faire de grosse fête et de ne pas être le centre de l'attention, mais 30 ans, c'est important, ils ont peut-être envie de te le manifester...<br /> Et rien ne t'empêche de remettre ça en Guadeloupe, en petit comité, avec ta soeur....<br /> Je lis ton blog souvent, et j'aime ta façon légère de commenter et raconter les choses, je pleure aussi avec toi quand le malheur te touche.... et dans cet article, j'ai senti ta souffrance de ce<br /> jour là, mais aussi, un peu celle de ceux qui t'aiment qui ne peuvent pas te mettre à l'honneur....
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N
<br /> <br /> Quelle douceur dans tes mots... Merci beaucoup.<br /> <br /> <br /> <br />
N
C'est vrai cela fera 24 ans que je te souhaites un bon anniversaire, cette date est tjrs aussi douloureuse et cette année encore plus car le 21 avril cela fera aussi 6 mois que martial nous a<br /> quitté, mais je serai forte, on sera forte car on sera ensemble... Bisous..
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S
moi je le souhaiterai. très bau billet Nanette. Comme je comprends....
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B
Il serre le coeur ton billet, ma Nanette ... J'espère que ton choix de "non fête" sera respecté. Des bises !
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M
Je n'ai pas vécu la même histoire que toi. Mais j'ai également vécu le divorce de mes parents à l'âge de 10 ans. Et je me souviens aussi du retour de we avec la moitié des meubles qui manquaient.<br /> Ces périodes-là sont extrêmement traumatisantes pour les enfants et souvent les parents l'ignorent. Tu l'as dit plus haut : ils ont fait ce qu'ils ont pu. Les miens aussi. Mais les plaies restent<br /> présentes. Et il a été pour moi important que ma mère m'explique plus tard et me dise dans quel état de détresse elle était. Un enfant vit et ne devine pas. Il imagine même le pire quand il ne sait<br /> pas.<br /> C'est pour çà qu'il faut parler. On reste les adultes et eux les enfants. On a choisi de faire des enfants, alors on assume. Même dans les pires moments. Donc je ne sais pas vraiment si je<br /> pardonne. Je comprends oui. Mais on reste responsable de nos enfants et c'est pour moi interdit d'être responsables des traumatismes qu'ils vivent.<br /> Je suis désolée pour toi qu'ils n'aient pas vu. J'espère quand même que tu pourras dépasser cela et fêter comme il se doit ton anniversaire. Une sorte de revanche sur leurs erreurs, montrer que tu<br /> es, toi, plus forte qu'eux :-).
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N
<br /> <br /> C'est exactement ça. Tous les psys du monde ne me feront jamais dépasser ça.<br /> <br /> <br /> J'arrive à passer outre et à faire une petite soirée intime avec mes enfants et mon mari, mais pas une fête. Je ne peux pas.<br /> <br /> <br /> <br />