Si vous avez manqué le début... Il y a deux ans, je relatais sur ce blog la naissance de mon Haricot.
La naissance du Haricot (1)
La naissance du Haricot (2)
Petite crevette chétive et calme né d'une jeune fille à peine femme, déconcertée, déboussolée, un peu triste mais pourtant heureuse...
Mon enfant, mon premier né tu as 12 ans déjà. Je fête avec toi mes douze ans de maternité, alors que je n'ai pas encore trente ans. Je me sens très vieille et très jeune à la fois.
J'ai l'impression que durant ces douze années, nous avons grandi ensemble et que j'ai été la plus lente.
Mon grand bébé, tu as essuyé les plâtres je crois. J'ai fait quelques erreurs avec toi, je me suis un peu laisser faire et un peu influencer par le regard des autres toujours si pesant sur moi. Et puis, j'ai grandi, tu m'as fait grandir.
En t'apprenant à t'affirmer à l'école, j'ai appris à m'affirmer moi aussi pour te donner l'exemple.
Et nous avons trouvé notre équilibre pendant 6 belles années rien que tous les deux. Cette complicité mère-fils, personne ne peut nous l'enlever, pas même ta crise d'adolescence naissante.
Pendant 6 ans, j'ai tenu bon grâce à toi. Malgré les galères d'argent, malgré la solitude.
Nous nous sommes bien battus tous les deux, faisant de chaque petit rien de la vie une grande victoire : ce jour fantastique où on nous a livré notre électroménager et nos meubles.
"On a gagné Maman, on a gagné !" Tu ne cessais de me le répéter. C'est vrai, nous avions gagné ce jour-là. Le bonheur, pour nous, ressemblait à un frigo et une machine à laver que j'avais eu tant de mal à payer.
Et tu as grandi, vite, très vite.
Je me rends compte que je suis parfois très, trop exigeante avec toi parce que tu sais faire tant de choses. Tu es tellement autonome.
Exigeante, je le suis aussi pour ta scolarité. Et si parfois, ça te fait bouder, tu es toujours content et fier de me montrer tes bonnes notes.
- T'avais raison Maman... Ça valait la peine de tout bien détailler. J'ai eu 19 !
J'essaie de t'apprendre la rigueur, la constance, le sérieux parce que je sais que tu es comme moi : un grand rêveur et surtout un très très grand bavard. Il t'en faut peu pour te déconcentrer ! Mais tu es toujours depuis 12 ans, un excellent élève, amoureux des mots, de l'Histoire et de la lecture.
Je sais à quel point mon regard, mon avis, sont importants pour toi alors j'essaie de trouver le juste milieu dans mes encouragements. Je ne veux pas que tu penses que je t'aimerais moins si tu étais un mauvais élève. Mais, dans mon coeur, tes bons résultats me gonflent de fierté.
Je voudrais aussi te dire que pour moi, élever un ado est une aventure nouvelle. Je ne sais pas le faire. Tout était simple quand il s'agissait de changer une couche, de te bercer pour t'endormir, de calmer tes poussées dentaires. Tu étais un bébé si facile. Aujourd'hui, j'avance en aveugle. Je ne sais pas quel espace de liberté te donner, je ne sais pas où doit s'arrêter mon côté inquisiteur.
Est-ce qu'il faut te laisser aller chez un ami sans savoir connaître ses parents ? Est-ce qu'il faut te laisser à la bibliothèque tout seul ? Est-ce qu'à ton âge tu as réellement besoin d'un portable ?
Est-ce encore vraiment indispensable de limiter ton temps de télévision ? Est-ce que je ne devrais pas lâcher la bride au niveau des consoles de jeux ?
J'improvise un peu. Dans ton éducation, se mêlent les principes que l'ont m'a inculqués, mon côté mère-poule éternellement protectrice et un peu de sévérité (parce que quand même des fois, t'es chiant...). Alors parfois, je fais des boulettes. Et Monsieur Nanou aussi. Et parfois tu vas te coucher contrarié et boudeur.
Et dans l'intimité de notre chambre, nous nous demandons toujours si nous avons été justes envers toi. Si ces parents excédés que nous avons été l'espace d'une soirée n'étaient pas tout simplement fatigués. Et quand nous agissons mal, nous le reconnaissons. C'est important pour nous que tu saches que nous savons reconnaître nos torts.
Je te remercie mon grand garçon d'avoir été pour moi le meilleur des fils. De m'émerveiller tous les jours par ton humour, tes réflexions parfois tellement pertinentes qu'elles me laissent sans voix... Et ton amour, ta si grande sensibilité.
Quand ta tante Nanny a perdu son mari, ta tristesse m'a tellement émue... Tous les soirs, tu nous as demandé des nouvelles, tous les jours tu as pensé à ton petit cousin qui n'avait plus de papa... Tu as accepté pendant quelque temps que nous ayons moins de temps à t'accorder. Tu as tout compris.
Depuis presque un an, tu es un grand frère patient et attentionné. Tu as une place unique dans la vie et le coeur de ta soeur. Elle sourit chaque fois qu'elle te voit et te cherche partout quand tu fais tes devoirs.
Quand elle se tord d'énervement dans mes bras, je t'appelle parfois à la rescousse, parce que je sais qu'un sourire de toi suffit à la calmer. Depuis, peu, elle pleure quand tu t'en vas et tu essuies toi aussi une petite larme au moment de partir chez ton père.
Suis-je bien objective en te disant aussi que tu es beau ? Tu es magnifique. Quand je te regarde, je peux voir le beau garçon métisse que tu seras dans quelques années. Tu seras grand comme ton papa.
Les filles commencent à t'intéresser un peu. Je ne te questionne jamais, mais j'aime quand tu te confies à moi. Tes secrets, je les garde et ne les raconte à personne, pas même sur ces pages.
Tu as douze ans aujourd'hui et tu restes pourtant mon tout petit, même si tu m'arrives au menton.
Pas un matin sans que tu viennes m'embrasser avant de partir au collège.
Pas une soirée sans que je vienne t'embrasser dans ton lit.
Pas une fête des mères sans mon petit cadeau, mon petit poème. Pas une semaine sans un petit dessin, un petit mot sur la porte.
Je te souhaite un très beau douzième anniversaire mon grand.
Vacances - Gard 2011