Les mathématiques sont sans doute le truc que je déteste le plus au monde après l'andouillette. J'ai toujours été bonne élève, même excellente certaines années, mais je n'ai jamais aimé les maths, ce depuis la quatrième.
Aussi, c'est avec fierté ET effroi que je regarde mon fils grandir et passer de classe en classe. Les devoirs se corsent.
Et si je surfe aisément sur la vague de la Mésopotamie du troisième millénaire avant J.C, si je maîtrise à la perfection les verbes à conjuguer à tous les temps (sauf les vicieux, pour ceux-là, j'ai mon Bescherelle), en maths, je suis une quiche.
J'ai réussi à passer entre les mailles du filet jusqu'à aujourd'hui, sauf une fois. Ok, 2-3 fois. La première fois mon fils était en CM1 (mon mari se fout de moi et maintient que le Haricot était en CE2, n'importe quoi !). Et j'ai pas réussi à l'aider à faire son exercice de maths. La HONTE. C'était une sombre histoire de billes si ma mémoire est bonne :
"J'ai 5 billes vertes et 6 billes noires, mais j'ai aussi des billes d'une autre couleur et blablabla et blablabla... et 12 billes vertes de mon ami Arsinoé (on s'en tape de son prénom, soit dit en passant) mais aussi 4 billes jaunes que j'ai donné à Marie (qui nous fait chier aussi avec ses billes)... et blablabla et blablabla... et enfin :
COMBIEN AVAIS-JE DE BILLES BLANCHES AU DEPART ??? "
Ce soir-là, j'ai dû attendre Monsieur Nanou pour aider le Haricot, j'avais des billes plein la tête, j'en pouvais plus. J'étais surtout mortifiée de honte de ne pas savoir résoudre un problème de CE2 CM1 !
- Maman... ? Tu SAIS PAS le faire ??? Haaaaaaaaaaaaan !!!!
- Bien sûr que si je sais le faire ! Et puis écoute, c'est pas à moi de faire l'exercice à ta place hein ! Tu pourrais chercher un peu plus ! Donc, tu attends Monsieur Nanou, parce que je sais pas comment t'aider sans te donner la solution.
Je sais, c'est petit. Mais parfois, quand on est une mère, on n'a pas le choix si on veut sauver la face.
Celui qui n'était pas encore mon mari a donc pris le bouquin et sans prendre aucune note, ni fait aucun calcul :
- Ben c'est facile ! Ca fait 212 billes !
- Ah ? T'es sûr ? ... C'est n'importe quoi ces exercices ! Comment un gamin peut transporter 212 billes blanches alors qu'il en a d'autres couleurs en plus ? Il a des poches géantes ou quoi ?
- Mais non Nanette, regarde, si tu refais les calculs, tu t'aperçois qu'il ne lui reste que des billes blanches à la fin.
- Oh ça va hein !
Après, y'a eu les divisions. Je dois t'avouer quelque chose. Tu vois ce que c'est une division ? Le truc avec une sorte de potence à chiffre ? Ben, je sais plus le faire. Je veux dire, je sais prendre ma Casio pour taper 555/67, mais je ne sais plus la poser et la calculer à la main. Pas de problème pour les autres opérations, mais la division, je sèche.
Oserais-je te parler de ces petites morues qu'on appelle fractions ? Toujours à nous emmerder avec leurs dénominateurs communs.
En ce début d'année de sixième pour le Haricot, j'ai réappris à mettre ou ne pas mettre de "s" à cent et à vingt et à dessiner des droite (AB) et (CD) parallèle (et comprenant bien sûr, les points G et F, alignés).
Jusqu'ici tout va bien...
Alors, pour m'éviter toute humiliation, nous avons procédé, mon mari et moi, à un partage des tâches : il se chargera des devoirs de mathématiques et moi... du reste. Je sais, c'est pas très équitable. Mais pense que, compte tenu de son métier, quand il sera sur la route, les fractions et leurs décompositions tordues seront pour moi. Mais, dans sa grande bonté, mon fils m'a rassurée :
- Tu sais Maman, c'est pas grave si tu sais pas. La prof, elle dit que personne n'est nul, l'important c'est d'essayer.
Merci mon fils. Je vais aller recompter mes billes, tiens.